7/10/2009

“Lettre à Jeanne de Lestonnac”

Chère Jeanne de Lestonnac,

voici plusieurs fois que cette année nous nous rencontrons et pourtant même si j'ai pris le temps de te parler véritablement, j'ai encore des choses à te dire. Tu m'as donné plusieurs RV dans l'année où je suis venue et où j'ai fait ce que tu demandais. Mais nous n'étions pas seules et tu étais fort occupée à accompagner chacun de tes invités comme moi. Je savais que nous nous retrouverions aussi je ne m'inquiétais pas. Aujourd'hui tu me convoques et nous sommes encore nombreux!! Mais puisque tu prends du temps pour moi je peux te dire certaines choses.

Je pense moins souvent à toi que lorsque mes enfants étaient à l'école chez tes soeurs mais tu es en moi : je t'ai tellement regardé faire que maintenant je te sens présente en moi, je suis toi et tu es moi et si je me promène dans Bordeaux, tu es avec moi. Bien sûr je suis loin de faire tout ce que tu as fait mais la vie me fait franchir des étapes : mes enfants ont grandi et m'ont un peu quitté, ma mère nous a quitté pour toujours et mon époux m'accompagne comme aurait fait le tien. J'ai cessé de travailler et je commence une nouvelle vie. Tout ce que tu as fait m'a tellement motivé que je sens que tu me précèdes toujours quelque part...

Je voudrais te suivre en famille, comme toi je voudrais de vrai lien avec les petits qui arrivent et les plus âgés qui faiblissent. Avec eux je voudrais des joies simples, des rencontres respectueuses des différences, des paroles vraies, des découvertes d'idéal, un éveil au goût de la vie.

Je voudrais te suivre avec mes anciens collègues de travail. Comme tu as su motiver ceux qui t'entouraient je voudrais savoir leur parler de perception, de motivation. Tu sais que j'ai longtemps travaillé au monastère de l'Annonciade où étaient tes filles : je voudrais que ceux qui y travaillent encore trouvent comme elles leur vrai projet pour vivre pleinement la vie qui leur est donnée

Je voudrais te suivre avec ceux que je rencontre. Aux autres, tu as su donner ta position, la défendre et ne pas craindre. Mais conduisant chacun à s'épanouir, tu as su aussi respecter leur manière d'être.

Je voudrais te suivre à l’école Notre Dame de Bordeaux où je vais parfois ; j'ai bien vu que tu es toujours là sur le terrain car tu fais des adeptes ; bcp désirent prolonger ton action avec ton charisme ; tu es attendue pour aider à développer la vie intérieure de chacun, élève ou enseignant.

Je voudrais te suivre en restant en lien avec les tiens, les écouter parler de toi et vivre de toi pour Celui que tu avais choisi et que nous choisissons aussi. Comme toi je voudrais trouver en chacun le meilleur : à leur insu tu as su profiter de tes frères protestants. Ils t'ont aidé à forger ton caractère indépendant qui t'a permis d'avancer sans crainte à l'écoute de ta conscience et dans la fidélité.

Je voudrais te suivre sans peur de vivre longtemps, car tu nous as montré le chemin, rebondissant à chaque évènement pour ouvrir une nouvelle piste, saisissant chaque opportunité pour assumer davantage la vie donnée, la place offerte. Je voudrais garder ta petite flamme : sa fragilité est le signe de la force qui est en jeu.

Tu as eu de la chance, Jeanne, et tu as toujours su la saisir car ce n'était pas pour toi mais pour la partager.
Quoi de plus humain que cette vie partagée ? Même tes chagrins tu as sans doute su les confier à celui qui partage tout puisqu' il a pu t'aider à les regarder pour les transformer.

Jeanne, je te demande de me garder tes amies qui m'aideront à voir la main que tu tends pour guider ; ensemble nous saisirons toutes les mains tendues pour nous y unir en une promesse de vie pour chacun


Márie-Hélène Maffre

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